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Chroniques de Scrap
5 novembre 2008

Sauver quelque-chose du temps où l'on ne sera plus jamais...

Bon, je ne vais pas faire ma bêcheuse, cette phrase n'est pas de moi !

Je le regrette bien d'ailleurs, j'aimerais avoir ce talent d'écriture que j'envie à mon amie Nath, et qui permet de dire avec légèreté et humour des choses essentielles. Pourtant j'ai eu quelques soupçons de dons littéraires au lycée, qui je crois, se sont complètement atrophiés avec mes études de médecine, puis le rythme infernal de mes années d'internat.
Je partage à ce propos l'avis de Nath : à mener de front un boulot relativement prenant et une vie familiale avec enfants en bas âge, j'ai réussi en quelques années à atteindre des sommets d'inculture qui rivalisaient avec des montagnes de sommeil en retard ! Et je me suis rendu compte un beau jour avec effarement que je n'étais plus capable de parler que de mon métier (ce qui déprimait tout le monde vu que je suis cancérologue), mes enfants (ce qui n'intéressait somme toute que ma famille) ou de la météo !

Je n'avais plus rien à dire, et si briller en société est une chose qui m'indiffère complètement, j'ai pris conscience par contre qu'avec cette inculture, j'avais perdu également ce qui me permettait de prendre du recul par rapport à ce que je vivais, et que je ne savais plus mettre des mots sur les maux.

Est ce cette prise de conscience ? ou la conscience aigüe liée à ma profession que tout peut s'arrêter du jour ou lendemain ? j'ai voulu faire de mes albums photos autre chose qu'un catalogue de photos, et j'ai commencé le scrap.

Sauver quelque-chose du temps où l'on ne sera plus jamais...cette phrase est d'Annie Ernaux dans "les Années" : c'est sa vie qu'elle raconte dans ce livre, mais pas à la façon d'une autobiographie classique : elle parle à la troisième personne, elle part toujours d'une photo sur laquelle elle est présente, un point commun avec le scrap, et puis elle élargit le point de vue, elle en vient à l'histoire dans laquelle sa vie s'inscrit, avec une écriture fluide, et une réflexion, un recul sur les évènements contemporains, une lucidité étonnante.

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Je l'avais emprunté à la bibliothèque, je l'ai dégusté, puis rendu, et maintenant je vais l'acheter ! car c'est un livre qu'on a envie de relire, un de ceux qu'on laisse sur sa table de chevet, pour toutes ces petites phases qui aident à vivre.

Sauver quelque-chose du temps où l'on ne sera plus jamais : voilà pourquoi je prends des photos, voilà pourquoi je scrappe.

Ginger

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Commentaires
G
Je te trouve bien dure avec toi-meme, de notre rencontre déjà ancienne, je ne me souviens pas de quelqu'un inculte, loin de là.<br /> Je vais lire ce livre dont j'avais entendu beaucoup de bien.<br /> <br /> Bises<br /> Brigitte
M
Après le scrap, la cuisine et autres activités, tu peux maintenant rajouter l'écriture.<br /> Merci pour ce point de vue dans lequel nous nous reconnaissons toutes, plus ou moins.<br /> Bizzz à toi
M
bravo pour "ce regard" sur toi...........mais je ne t'avais pas jugée "inculte"....LOL...et je te trouve à l'acoute des autres...tu es une fille super sympa ...charmante et adorable...bon j'arrete là car tu pourrais le croire....!!!!<br /> Néanmoins je vais lire ce livre...<br /> bisous<br /> mary
M
Si un jour par MIRACLE plus personne n'avait de cancer et que tu te retrouves à compter les heures, tu pourras toujours t'asseoir devant une feuille blanche ou un écran d'ordinateur et coucher tes mots sur le papier. Tu n'as rien perdu de ta facilité littéraire et ton texte est très beau. Et c'est une belle pub ou au moins une forte incitation à lire le livre d'Annie Ernaux.
M
alors moi je suis conquise par la facilité avec laquelle tu t'exprimes. Ce doit être ça le talent ! et ton bouquin me donne bien envie de l'éplucher.
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